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Publié le 8 septembre 2011

Afin que tu saches…

Paru dans les Pages Romandes No 3 Septembre 1999.

« C’est une fille ! ».

Voilà les premiers mots entendus par tes parents en cette nuit de novembre, tout à la joie de cette naissance qui donnait une sœur à notre fils. Nous étions comblés.

Toi, petite Ariane, tu étais menue, noiraude, dotée de beaux yeux «en amandes», mignonne malgré une jaunisse qui colorait ton teint de façon accentuée.

Voilà le petit être que nous avons appris à aimer, heureux parents, félicités et fleuris comme il se doit.

Au soir du cinquième jour, alors-que ta maman était seule dans sa chambre à la maternité, le pédiatre arriva, porteur de la terrible révélation. «J’ai une mauvaise nouvelle pour vous, votre fille est mongole !»
Ces mots prononcés rapidement ont eu un profond effet de choc.

Y a-t-il une bonne manière d’annoncer cette nouvelle ? Il y en a sûrement de moins mauvaises…

Alors que quelques explications étaient amorcées, ton papa entra dans la pièce tenant ton frère dans ses bras. Sa mise au courant fut immédiate. Durant ces instants, plusieurs sentiments se sont emparés de nous: la tristesse, la révolte, la fatalité et en un éclair le cours de notre vie basculait dans une réalité que nous ne maîtrisions plus.

Accompagnés par l’infirmière, nous sommes allés jusqu’à la pouponnière où tu dormais tranquillement sous la douce chaleur des lampes nécessaires à ton traitement.
Là, pour nous, tu es soudain devenue une autre. Les moindres détails de ton petit corps revêtaient une signification particulière. Notre bébé échappait au monde dit «normal» pour entrer dans la catégorie des trisomiques… Quel inconnu !

La table des projets était devenue rase.

Tout ce qui allait arriver serait un «plus» que nous allions apprécier à sa juste valeur. La découverte d’une malformation cardiaque ajoutait encore à l’incertitude de ton avenir. Mais toi, lutteuse, tu la voulais, cette vie…

Le lendemain, plusieurs personnes se sont penchées sur ton berceau avec pour seul souci celui d’admirer un petit enfant, sans se douter de ce que nous étions en train de vivre. C’était le moment d’épargner les émotions.

Quant à nous, sur la proposition du pédiatre, nous sommes entrés en contact avec les parents d’un enfant trisomique de la région. Cette rencontre s’est révélée très importante par son climat empreint de chaleur, de sérénité et de simplicité.
Nous avions en face de nos doutes et de nos interrogations une famille épanouie. Avec eux nous avons ouvert grand la porte de notre avenir et nous avons osé imaginer que nous pouvions aussi être heureux.

Par la suite, nous avons eu l’occasion d’être ces « parents-relais ». Ainsi, nous avons vécu à nouveau les premières heures chaque fois au rythme de nos interlocuteurs.

Est-il nécessaire de rajouter à quel point le fruit de ce type de rencontre peut être enrichissant voire déterminant ?

Nous avons eu beaucoup de questions. Nous n’avons pas toutes les réponses, mais nous en avons certaines.
Tu es maintenant devenue une fillette indépendante, sportive, déterminée, présentant un sens de l’humour développé.
Et la ligne directe de l’affection que tu distilles autour de toi te rend si attachante.

Merci, Ariane, pour tous ces bonheurs que tu nous apportes…


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