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Publié le 8 juillet 2011

L’intégration des enfants mentalement handicapés passe par l’école normale

7 décembre 2005 –  le Courrier neuchâtelois – Carlos Montserrat

Les parents d’enfants mentalement handicapés sont régulièrement confrontés à des problèmes d’intégration en milieu scolaire de leurs rejetons. Les raisons sont évidentes: absence de base légale indiquant une procédure claire d’intégration pour tous les partis, difficultés financières et parfois, une image négative des autres parents qui craignent que le rythme de la classe soit ralenti par un enfant plus lent.

La Journée internationale du handicap du 3 décembre est l’occasion d’évoquer le sujet.

«Travailler, c’est effectivement s’intégrer, mais cela passe d’abord par une intégration au sein de l’école normale pour un enfant handicapé. Voilà l’option que nous défendons depuis 1993 au sein de l’Association neuchâteloise des parents de personnes mentalement handicapées (ANPPMH)», déclare Delphine Vaucher, maman d’une petite fille mentalement handicapée avant d’ajouter: «Notre prise de position a débouché en 2003 sur la création par le Conseil d’Etat d’une commission d’intégration. Malheureusement, la situation reste difficile pour les familles ! ». Propos qui font réagir Mercedes Zapatero Senocak, dont l’enfant est autiste «Il n’existe toujours pas de base légale autour de l’intégration de nos enfants à l’école. Nous sommes au bon vouloir des enseignants, des directeurs et des commissions scolaires ! » Pourtant la mère est persuadée du bien fondée de la démarche : «Il est vraiment important d’agir très jeune, car plus on commence tôt le travail d’intégration, meilleurs sont les résultats au final. C’est un investissement pour l’avenir ! »

Mais pourquoi ces parents tiennent-ils tant à placer leurs enfants dans des écoles classiques à raison de quelques heures par semaine ? Mary Bourgnon: «A l’école normale, il y a un comportement < normal >, ce qui n’est pas forcément le cas dans des institutions spécialisées et ce qui permet à nos enfants handicapés de socialiser et de s’intégrer plus facilement. Certaines études démontrent même que la présence d’un enfant handicapé dans une classe peut, contrairement aux idées reçues, être bénéfique à certains élèves sans handicap plus lent qui peuvent alors travailler à leur rythme sans compter que cela inculque un esprit de solidarité aux enfants. » L’urgence d’une loi et d’une procédure claire d’intégration des enfants handicapés dans les classes se fait donc de plus en plus sentir pour Adela Ombrella, elle aussi mère d’un enfant trisomique: «En 2008, une nouvelle loi sur le plan cantonal devrait réglementer l’intégration de nos enfants qui nous l’espérons se fera de manière plus naturelle car au-delà du financement, celle-ci doit être un droit pour tous, pas le fruit d’initiatives privées qui créent des inégalités pour ceux qui ne savent pas se défendre correctement ! »

Les difficultés des familles

Une étude réalisée en 2003 à Neuchâtel a montré que même si la volonté d’accueil des enfants handicapés existe au sein des crèches et des écoles, les moyens à disposition ne sont souvent pas suffisants. Les conclusions étaient alors sans équivoque: sans un appui politique et financier, les structures du moment ne pouvaient accueillir tous les enfants qui en avaient besoin. Autre problème : l’intégration passe, à raison de quelques heures par semaine, par un éducateur/trice spécialisé(e) parfois intégralement à la charge des familles, car la loi sur l’AI stipule qu’un enfant qui suit un cursus scolaire normal n’a pas le droit à une prise en charge des cours d’appui.

Le financement du soutien éducatif reste donc à ce jour toujours au bon vouloir des autorités communales tout comme d’ailleurs la décision d’intégration au sein des classes, un état de fait qui s’aggrave avec les années selon Sylvie Augier, conseillère animatrice de l’ANPPMH: «L’intégration dans les crèches et en primaire est déjà difficile. En secondaire, elle est quasi impossible! ». Delphine Vaucher ne mâche ainsi pas ses mots: « L’intégration devrait être pensée pour la vie de nos enfants. Au lieu de cela, c’est une faveur que l’on fait aux parents. Je peux vous assurer cependant que lorsque nos enfants sont exclus de l’école, ils souffrent énormément. Mais personne ne semble s’en inquiéter au-delà des familles ! »

 

 

 

 

 


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